La carte scolaire en milieu rural

Témoignage de Gisèle Jean, Maire de Queaux

Maire d’une commune rurale, nous supposons que la question de la carte scolaire vous soucie particulièrement ?
La situation des écoles rurales est liée autant à des facteurs démographiques qu’aux décisions de l’administration scolaire. Notre commune pour amortir les variations démographiques a choisi, dès le début des années 80, de créer un regroupement pédagogique intercommunal (RPI) avec deux autres communes proches géographiquement et souhaitant défendre l’école publique : Gouex et Persac. Ce RPI a permis le maintien de la scolarisation des enfants des trois communes dans de bonnes conditions. En 2014, le jour de ma prise de fonction en tant que Maire, nous avons dû faire face à une demande de fermeture de classe. Après discussion avec l’administration de l’époque nous avons conservé la classe et la démographie est passée rapidement de 85 à 130 élèves pour 5 classes. Aujourd’hui globalement en France la natalité a fortement baissé pourtant le nombre d’enfants scolarisés dans le RPI stagne autour de 85. Ceci a permis de mettre en place les protocoles sanitaires et de mieux accompagner les élèves dans leurs apprentissages.

Quelles sont vos inquiétudes chaque année à l’approche de ces décisions ?
L’organisation

Combien d’enfants y sont scolarisés, selon quelle organisation ?
Les classes de maternelle et CP sont à Persac, les classes CE1 et CE2 à Queaux et Les CM à Gouex. Les enfants sont accueillis le matin à la garderie de leur commune, ils prennent le bus pour se rendre dans leur classe et retour le soir. Les distances sont courtes, le bus et la garderie comme le périscolaire ( les TAP) sont gratuits pour les familles. Pour nos trois communes la gratuite de l’école publique fait partie  de nos valeurs partagées.

Cela vous convient -il ?
La demande de l’administration n’est pas nouvelle, elle souhaite supprimer le RPI à court terme, pour suivre un modèle idéalisé de regroupement au chef-lieu de canton dans des structures plus grandes et plus faciles à gérer du point de vue des postes.

Pour ce faire, il nous a été proposé l’an passé de supprimer une école car l’enseignant était seul, nous avons refusé. Cette année ils cherchent à imposer une suppression de classe qui se poursuivrait dans un dialogue pour revoir le RPI. Il ne s’agit que d’une vision idéologique et comptable. Plus grand serait mieux et surtout le nombre de postes à mobiliser moindre. Or, les petites structures sont plus souples et plus accueillantes pour les élèves. La vision pédagogique n’est pas intégrée par l’administration.

Nos enseignants ne sont pas isolés, ils sont volontaires d’une part et participent à un réseau d’écoles rurales avec Saulgé, La Puye, Sillars.

Ce que nous souhaitons, c’est conserver la structure RPI la seule qui permette une scolarisation au plus près des enfants, des familles, dans de bonnes conditions. Les villages sans école meurent doucement mais sûrement. Au moment où nous construisons au niveau du territoire des projets attractifs souvent avec l’aide de l’Etat, le même Etat via le rectorat restructure pour gagner quelques postes et vide les territoires ruraux à l’encontre des discours lénifiants sur la ruralité.

Pour accompagner les communes à vivre il faut un moratoire sur la fermeture de classes et une vision réelle d’aménagement du territoire construite avec les habitants, les élus.

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