Les femmes dans l’espace public
La ville conçue par des hommes pour des hommes
76% des élus à l’urbanisme sont des hommes, il en va de même pour les équipes d’urbanisme.
En architecture, la silhouette humaine standardisée (le Modulor) conçue par Le Corbusier, pour la construction mesure 1,83 m. (taille moyenne de la femme : 1.62m)
De ce fait, les politiques publiques pensent la ville comme un espace pour les hommes, reléguant les femmes à l’espace privé. Il est révélateur qu’en France, seulement 2 % des noms de rue portent le nom d’une femme !
L’homme occupe l’espace public, la femme s’y occupe
Dès la cour de récréation, les petites filles sont repoussées sur le côté, les petits garçon occupant l’espace pour jouer au foot. Ainsi les garçons sont-ils encouragés à prendre, à occuper le territoire quand les petites filles apprennent à ne pas dépasser.
Cette partition se poursuit dans l’espace de loisir public pensé essentiellement pour les garçons. A l’adolescence, les filles décrochent de l’espace public, ainsi on constate que les skates park et les city park sont utilisés à 90% par les garçons.
A l’âge adulte, les femmes utilisent l’espace public pour faire les courses, accompagner les enfants ou les personnes âgées. Elles se déplacent plus que les hommes à pied et donc utilisent plus qu’eux les équipements urbains, ce qui posent la question de leur pertinence. Les trottoirs : sont-ils assez larges pour une poussette (ou un fauteuil roulant), assez propres ? Les bancs : y en a-t-il assez pour permettre de se reposer (personnes âgées), pour surveiller les enfants, pour la convivialité ? les toilettes publiques : nombres et propreté ? Ce sont les femmes qui accompagnent les enfants et elles ont des besoins physiologiques différents des hommes.
S’ajoute à cela la question de la sécurité des femmes dans l’espace public. 1/3 d’entre elles ne se sentent pas en sécurité et 40% s’interdisent certains espaces. Dès l’adolescence elles sont mises en garde par les parents et mettent en place des stratégies d’évitement (certains lieux, choix des vêtements…)
Se réapproprier l’espace public
Afin de redonner aux femmes l’envie d’occuper l’espace public, il convient de mettre le genre au cœur de sa conception.
Quelques propositions :
- Repenser l’espace et les aménagements : trottoirs, toilettes, espaces conviviaux, bancs – devant les écoles par exemple.
- Proposer des vélos en libre-service avec siège enfant
- Réserver le city-park ou le skate-park un jour par semaine pour les filles
- Proposer des animations multiples : activités sportives ou artistiques (danse, gym, Tchi quong,…) dans des espaces non-spécifiés place, square…) ouvertes à tous
- Visibiliser les femmes illustres dans l’héritage culturel : nom de rue, nom d’un équipement, d’un évènement
Pour travailler le sentiment de sécurité, organiser, sur un modèle participatif, des marches exploratoires pour repérer les lieux qui posent problème et proposer des solutions.
Redonnons aux femmes le droit à la ville !