Les Fonderies du Poitou menacées de fermeture !

Nous sommes allés à la rencontre d’un salarié qui nous parle d’un avenir incertain pour lui et l’ensemble de ses collègues.

Je m’appelle T. V., j’ai 30 ans, je suis en couple et j’ai 3 enfants. Je vis à Châtellerault depuis 15 ans. Je suis arrivé aux fonderies il y a 6 ans. Après 8 mois d’intérim, j’ai été recruté en CDI.
J’ai, tout d’abord occupé les postes de fondeur cariste et conducteur cabine fusion et ensuite, je me suis formé au moulage en tant que conducteur junker puis, conducteur DISA.
J’ai connu le 1er Plan de Sauvegarde de l’Emploi, ne sachant quel était mon avenir, mais, je suis resté pensant que les emplois seraient sauvés….
Hélas 1 an et 1/2 après bis repetita !
Entre les deux périodes, je me suis porté volontaire pour travailler à l’aluminium et, je me suis formé au moulage sur les BP pour être maintenant à la fusion aluminium.

Comment vois-tu ton futur ?
Je ne sais pas trop pour l’instant, c’est encore flou, on entame seulement les négociations du PSE. Par rapport à mes collègues, je suis un peu plus déconnecté et moins dans cette ambiance pesante pour certains étant donné que je travaille à l’aluminium depuis un peu plus d’un an.
Finalement, je crois que je ne me suis toujours pas posé la question avec ma compagne à savoir ce que me réserve l’avenir ou quoi faire.

Comment vois-tu le futur de la fonderie Alu et plus largement l’avenir de l’industrie dans la bassin Châtelleraudais ?
Le futur d’une Fonderie aluminium ne peut être que bon car nous savons que c’est une « matière » d’avenir pour l’automobile, mais concernant l’usine d’Ingrandes pour que l’avenir soit bon, il faut que l’investisseur soit grand.
Je suis triste pour la ville qui a fait sa renommée sur l’automobile et son industrie. Aujourd’hui, il n’en reste quelques miettes, mais espérons des meilleurs jours pour ce bassin de l’emploi.

Quel est ton avis sur la chute si rapide de la Fonderie Fonte ?
Il fallait s’y attendre, on a toujours été le point noir entre guillemets de notre actionnaire qui ne fait que de l’aluminium. Dès le début, il n’y a jamais vraiment cru et ne voulait pas nous reprendre, donc quand quelqu’un ne veut pas de toi ou ne croit pas en toi…
On savait que l’avenir serait compliqué et que notre sort serait scellé assez rapidement. C’est une grande déception pour la majorité voir la totalité des employés de la partie fonte…

Penses-tu que cette casse sociale à la fonderie fonte était évitable ?
Oui étant donné que notre constructeur automobile français Renault a bien des volumes de pièces à faire puisqu’il les donne aux Espagnols et aux Allemands, on pouvait donc éviter cette casse sociale.
Après, il nous fallait aussi le soutien de notre actionnaire Liberty pour développer une reconversion de cette usine mais bon cela ne les a jamais intéressés, dommage !

Ton plus grand regret dans cette triste histoire ?
Le plus grand regret, c’est pour les collègues qui n’ont connu que les Fonderies dans leur vie, cela va être difficile pour eux de retrouver un travail sur le bassin Châtelleraudais quand on connaît la conjoncture actuelle. Nous savons très bien, qu’après des années passées dans l’usine, l’usure se fait sentir et la santé en prend un coup.

Ton meilleur souvenir dans la Fonderie
Il n’y a pas un souvenir mais plusieurs, en particulier, les rencontres et cette ambiance de travail extraordinaire même si ce n’est pas toujours simple de bosser dans une fonderie.
On va dire que c’était une « putain » de Fonderie !

Humainement comment fais-tu pour gérer tout ça ?
C’est vrai que c’est difficile de te dire que tu perds ton emploi et qu’il va falloir refaire tes preuves ailleurs, mais il y plus triste dans la vie, la maladie par exemple…

« Nous avons trois enfants à la maison donc c’est pour eux qu’il faut se battre. »
« Maintenant on va aller chercher notre chèque tous ensemble et puis on verra. »