4 questions à la Une – Aurélien Bourdier

Avocat au barreau de Poitiers, Conseiller municipal, Aurélien Bourdier nous parle de son travail d’élu et de l’actualité.

 

 

A Poitiers, tu es élu dans le groupe « Poitiers, ville à taille humaine », comment le vis tu ?
Même si comme chacun le sait nous aspirions à mieux, c’est un honneur et une responsabilité que d’être élu à la ville de Poitiers. Il a donc fallu dépasser assez vite la déception du soir des élections pour s’efforcer d’être à la hauteur des espoirs que ceux qui nous ont soutenus avaient placés en nous.
Nous avons un groupe de qualité avec des compétences diversifiées qui nous permettront je crois de répondre à ces attentes.

Quel est le travail d’un élu d’opposition ?
Il est d’abord évident qu’il n’est pas question d’être dans l’opposition systématique, ce d’autant plus que la majorité est une majorité de gauche avec laquelle nous partageons un certain nombre de valeurs. D’ailleurs, un grand nombre des projets en cours ont été maintenus par la nouvelle municipalité, parfois en s’en attribuant les mérites… Néanmoins, un point de clivage majeur se dessine. Il s’agit de la vision de la République et de la laïcité. Nous sommes extrêmement vigilants sur ces questions. Plus concrètement, le travail d’un élu d’opposition, c’est donc tantôt soutenir les projets de la majorité, tantôt essayer de les faire amender, tantôt s’opposer et dénoncer.

En tant qu’avocat, peux tu nous parler de l’actualité liée aux violences sexuelles et quelle est la réponse pénale à apporter aux faits d’inceste ?
C’est un sujet qui revient régulièrement dans l’actualité médiatique au gré des faits divers, sorties de films ou de livres. Il ne quitte en revanche jamais vraiment l’actualité judiciaire. Ce que je puis dire, c’est que les faits relevant de l’inceste sont punis et souvent sévèrement. Les viols incestueux constituent la majeure partie des dossiers jugés par la Cour d’assises dans un département comme celui de la Vienne relativement épargné par le grand banditisme. Je ne crois donc pas qu’il soit nécessaire de modifier encore les textes pénaux, lesquels permettent déjà d’incriminer et punir l’inceste. La problématique particulière de ce type de faits est autre. Elle est celle de leur repérage et de leur dénonciation. Comment détecter ces viols ou agressions sexuelles commis dans le huis clos familial ? Comment inciter les victimes à parler ? C’est sur ce terrain que des choses doivent être encore pensées.

Faut-il selon toi allonger ou bannir les délais de prescription ?
Il faut déjà rappeler que la prescription pour un viol incestueux est désormais de 30 ans à compter de la majorité de la victime, soit jusqu’à ses 48 ans. Je pense qu’aller au-delà serait déraisonnable, sans même aborder la question du droit à l’oubli qui peut être contesté. Quel procès peut-on espérer près de 50 ans après les faits ? Sur la base de quelles preuves ? Pour prononcer quelle peine si tant est que l’auteur soit encore vivant ?