4 questions à la Une – Ludivine Riquelme Martinez

Ludivine Riquelme Martinez est conseillère municipale de Buxerolles, secrétaire de la section du Parti Socialiste de cette commune. Nous sommes allés à la rencontre de cette femme élue et militante engagée.

 

Ma première question est assez personnelle mais d’actualité : être une élue femme est-ce singulier ?
Cela ne devrait pas l’être. Etre une élue n’est pas différent d’être un élu. Le travail de fond est le même : travail en commission, présence lors des différentes assemblées, représentation, lien avec la population… Tout cela est commun. La seule différence reste le regard que certaines personnes posent encore sur l’engagement des femmes en politique.

 

Elue municipale depuis 2014, militante et en responsabilité dans ton parti, peux- tu nous dire quelles sont les motivations à tes engagements ?
Pour être franche, être élue et assumer des responsabilités dans un parti politique ne faisait pas partie de mon projet de vie.
Tout a été une question de rencontres. La plus décisive a été celle avec un homme déjà conseiller municipal à Buxerolles avec qui je partage de nombreuses valeurs et de nombreuses idées pour Buxerolles. Il m’a fait suffisamment confiance pour me proposer d’intégrer l’équipe municipale sortante en 2014.
J’ai fait cette campagne municipale et j’ai rencontré des gens merveilleux, élus et habitants, qui m’ont donné envie de poursuivre cette aventure avec eux. Je me suis « prise au jeu ». Au départ, je ne devais pas être en position éligible et au final, je me suis retrouvée élue avec une délégation.

Assumer un mandat électoral, c’est une opportunité extraordinaire de porter haut les valeurs que je défends au quotidien dans ma vie personnelle et professionnelle. C’est aussi écouter les gens et défendre leurs intérêts, faire des concessions, créer du lien, y compris avec les plus éloignés de nous. C’est aussi et surtout aider à co-construire notre avenir, à nous et aux futures générations. Très humblement, au niveau local à Buxerolles et de façon plus générale dans mon parti politique.

 

Penses-tu qu’il est aisé de conjuguer vie personnelle, vie professionnelle et vie militante lorsque l’on est une femme au 21ème siècle ?
J’aimerais vraiment répondre oui ! Mais la réalité est beaucoup plus complexe. Je pense être comme tous les hommes et toutes les femmes du 21ème siècle.
J’ai envie de réussir sur tous les tableaux ! Je veux réussir ma vie de couple, ma vie familiale, ma vie professionnelle, ma vie militante et ma vie d’élue. Le tout est ambitieux et excitant mais aussi parfois épuisant et culpabilisant.

J’aimerais souvent être à deux ou trois endroits en même temps pour ne rien rater ! Ce qui n’est évidemment pas possible. Donc c’est un jeu d’équilibre sans fin. Caler les réunions entre le travail, les obligations professionnelles et personnelles de mon mari, les devoirs des enfants et la lecture du soir ! Organiser les promenades avec les enfants en faisant mes distributions de tracts, travailler le soir quand ils sont couchés. C’est aussi bousculer un peu les habitudes et l’assumer.

Je me suis ainsi vu devoir quitter le conseil municipal avant la fin pour pouvoir allaiter mon petit dernier ou animer des réunions avec lui dans mes bras.
Aucune femme de devrait s’interdire de s’épanouir professionnellement ou d’assumer des responsabilités politiques parce qu’elle fait le choix d’être parent. Ceci dit, ces difficultés à tout conjuguer sont les mêmes pour les jeunes hommes actifs et pères de famille au 21ème siècle.

 

Le thème de la newsletter dans laquelle ton itv va paraître aborde les violences faites aux femmes.
Dans l’exercice de tes activités militantes ou d’élue as-tu eu à connaitre des violences verbales voire physiques ? As-tu des engagements spécifiques sur ces thématiques ?
A titre personnel, en tant qu’élue femme, je n’ai heureusement pas été confrontée à des violences physiques. Je dénonce en revanche le fait d’être davantage interrompue lors de certaines prises de paroles. Je dénonce aussi tous ceux qui disent de moi que je ne fais que répéter ce que mes collègues hommes élus pensent comme si je n’étais qu’un perroquet incapable de penser par moi-même. De même, récemment un élu homme m’a demandé d’adopter une voie plus « mélodieuse » lorsque j’ai pris la parole lors d’un conseil municipal. Quand on pense à la violence des échanges de certains hommes élus entre eux sans que personne ne trouve rien à leur redire, c’est un comble !

Professionnellement, j’ai malheureusement été confrontée à l’accompagnement de femmes ayant subi des violences physiques et verbales. J’ai vu comme il leur était difficile d’oser parler. Puis comme il était dur de bénéficier de soutien, d’aide et de protection dans certains cas. Nous avons collectivement beaucoup à faire pour progresser et leur apporter l’aide dont elles ont besoin.

Pour contribuer à lutter contre la violence faite aux femmes, en tant que professeur des écoles, il me semble important de continuer à éduquer et à informer. La sensibilisation aux droits des femmes me paraît incontournable dès le plus jeune âge. J’espère que ce travail portera ses fruits et que la génération de mes enfants et petits-enfants n’aura plus besoin de lutter pour l’égalité hommes-femmes, pour les droits des femmes. J’espère aussi que les futures femmes engagées en politique n’auront plus à répondre à des interviews sur les différences entre les hommes et les femmes élus.